Chaque changement rogue ou charitable est applaudi, c’est le propre des peuples à toutes les époques.
Depuis le changement de régime survenu le 05 septembre 2021, j’ai pris le temps d’écouter, d’observer et d’analyser les propos des uns et des autres. Deux grandes positions se dégagent. La première est incarnée par les opposants d’hier qui ont jubilé et continuent d’ailleurs de jubiler. C’est de leur droit qu’ils le fassent à satiété tant que cela leur chante. Le constat à ce niveau, est qu’ils raisonnent tous de la même manière sans distinction de statut. Ça a toujours été comme cela et ça restera ainsi tel un mécanisme bien gravé dans un système mécanique qui s’exécute avec un automatisme admirable. N’ont-ils pas le droit de le faire? Si, leur redoutable adversaire est parti du pouvoir, ça brame, ça meugle, ça hennit, ça glapi, ça mugit, ça glatit……
Ce n’est un secret pour personne. Quand un régime change, un espoir nouveau s’allume dans le cœur du peuple qui s’éclate de joie. C’est l’effet des masses et c’est normal. Ça a toujours été ainsi à toutes les époques et sous tous les cieux. Quelle occasion formidable pour substantialiser le processus de bestialisation dont il a été victime par l’effet de toutes les expositions et toutes les souffrances millénaires qui ont cessé de faire des hommes d’idées mais qui a produit en quantité industrielle des automates. N’est ce pas extraordinaire ? ce spectacle amusant des masses.
Les seconds sont les soutiens du pouvoir déchu qui œuvrent pour la libération du PRAC et dont le discours est apaisant bien que choqué, il faut à l’évidence reconnaître que le silence observé n’est ni lâcheté, ni abandon mais tactique et suffisamment responsable. Cela dénote leur grande maturité devant l’implacable épreuve de l’effet surprise. Une véritable leçon d’histoire qui s’ajoute à celles très tumultueuses de notre pays, au passé qui divise dont le prolongement fait écho dans le présent et sans nul doute qui est l’héritage d’un futur hypothétique. Parce que se trouvant dans les gênes de nous jeunes aux visions écornées et encore plus mauvais dans l’âme que nos aînés dont on juge être les maux de ce beau pays. Ils ont encore plus de valeurs louables que nous, jeunes aux vices immondes et aux parures diaboliques teintées de médiocrité, de lâcheté et que sais-je encore ?
Pour ma part, je suis un sympathisant et fin admirateur du Professeur Alpha CONDÉ. Je l’admire pour ce qu’il est, ce qu’il a été. C’est-à-dire un révolutionnaire, un homme direct qui n’a pas froid aux yeux, un résistant, et un homme ayant un idéal fort pour son pays. Du haut de son âge, il a su montrer son endurance et ses qualités olympiques l’amenant à faire le tour du monde pour vendre et communiquer son pays au monde. Il a posé des bases solides pour le développement du pays, il a fait ce qu’il pouvait faire avec les moyens existants et la ferme volonté de bien le faire. L’histoire de l’homme est vendable, magnifiable, louable. Ceci est mon point de vue sur l’homme, je l’assume éperdument.
La bonne nouvelle dans l’histoire des tragédies politiques est que les leçons serviront à structurer le RPG)avec des hommes qui rassemblent et qui sont dignes de confiance et ceux en surpassant l’ethnie, l’orgueil, les bisbilles et les caprices de ceux qui se croient être des fondateurs. C’est une occasion de montrer que c’est un arc-en ciel.
Les nouvelles autorités …..
Que dire d’elles ? Pour le moment peu de choses, elles seront jugées à l’acte. Les semaines à venir nous donneront l’occasion de mieux les connaître et mieux les juger sur la base des faits. Wait and see!
Elles ont initié une large concertation avec les différentes composantes du pays. Elles ont écouté et elles ont été écoutées. De cette parade au palais du peuple, le discours bien pensé et bien subtil adressé aux acteurs politiques est interprété de différentes manières en fonction des opinions et des intérêts de chacun. En redescendant le cours de l’histoire guinéenne pleine de tumulte ceux ayant été acteurs de la vie publique ont fait des erreurs certes, mais ont aussi posé des actions louables. Qu’ils soient opposants d’hier et gestionnaire d’hier se retrouvent aujourd’hui tous à jouer de nouveau un match à force égale pour reconquérir le pouvoir lors des futures échéances électorales.
C’est l’essence même de l’existence humaine au cours de laquelle l’antinomique couplet mal-bien et bien-mal nous tente, nous charme, nous invite et nous attire constamment comme cet aimant qui veut attirer tout ce qui rôde autour de lui.
Certes, il faut partir sur des nouvelles bases, je ne suis pas toutefois convaincu qu’une césure générationnelle soit la solution au mal guinéen. L’on doit s’orienter vers un débat inclusif visant à garder dans le bateau tout candidat ayant la force de proposer un projet de société rassurant. Ce débat de mise en retraite des aînés n’est pas sérieux.
Que dire de la société civile, servile en majorité et prise en otage par les marionnettes des politiciens dont le discours et les actes sont aussi contradictoires que le fait de voire l’éthique copuler avec Lucifer. Elles jugent et tranchent en fonction de leur bord politique et de l’ethnie. Elle est l’opposé typique des valeurs qu’elles prônent.
Prenant acte de tout et ne condamnant rien. Quel désastre?
La destinée retient chaque peuple dans les liens de son courage.
Que dire du peuple, soumis, passifs et aussi complice des élites de tous bords. Il applaudit à tout, puisqu’il est peuple insouciant et orienté vers le terrible quotidien de la chasse de la quotidienne subsistance. Que pouvons-nous de lui, dire ? Je préfère penser qu’il n’a pas la vue générale et encore moins le temps de réfléchir, car le besoin pressant de faire face à l’existence l’accable, l’assomme et le rend insensible à son propre mal. N’est-ce pas ce que l’on a voulu qu’il soit. Il ne reconnaît plus son propre bien. Dans cette circonstance, il est droit et vertueux qu’un groupe éclairé ayant la pleine volonté de lui imposer son propre bien le sorte de ce carcan.
Que voulons-nous ? C’est à nous de le définir.
Qu’espérons-nous ? C’est à nous de l’esquisser
Qu’attendons-nous ? C’est à nous de l’exprimer haut et fort.
Jean TRAORE